À l'Assemblée nationale

Législatives 2023 en RDC : moins de la moitié des ministres candidats étaient déjà députés en 2019

28/11/2023

Ils ne sont que très peu de ministres qui ne vont pas se présenter aux législatives du 20 décembre 2023. Très peu ont également décidé de changer de circonscription. Pour le premier épisode de sa série Balobeli Ya Lobi, Talatala s’intéresse aux ministres candidats à la députation nationale.

[Série] Balobeli Ya Lobi (1/8) - Plus de 83 % des 59 membres du gouvernement Sama Lukonde sont candidats aux législatives. On y compte 39 ministres (Premier ministre et vice-Premiers ministres inclus) et huit vice-ministres, selon les listes définitives des candidats à la députation nationale de 2023 que Talatala a consultées.  

À commencer par Jean-Michel Sama Lukonde lui-même. Le chef du gouvernement se présente pour la première fois à Kasenga sous l’étiquette du regroupement politique Agissons et bâtissons (AB). Concourt également là-bas Augustin Kibassa, son ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication, sous l’étiquette de l’Union pour la démocratie et le progrès social/Kibassa et alliés (UDPS/Kibassa-A). Ces deux membres du gouvernement vont tenter de rafler les deux sièges de cette circonscription du Haut-Katanga.

Sama et Kibassa ne sont pas les seuls ministres à se retrouver candidats dans une même circonscription. Suivant le nombre de sièges à pourvoir, l’Union sacrée de la nation, coalition au pouvoir, a placé deux ou plusieurs membres du gouvernement dans la conquête d’une circonscription donnée. À Mont-Amba par exemple, Peter Kazadi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Pius Muabilu,  ministre de l’Urbanisme et Habitat, ainsi que Godard Motemona, vice-ministre des Mines, sont en lice. Ce district du sud-est de la capitale congolaise dispose de 11 sièges à pourvoir.  

C’est le cas également à Butembo, dans le Nord-Kivu, où Antipas Mbusa Nyamwisi, ministre de l’Intégration régionale, et sa collègue Catherine Kathungu, ministre de la Culture, sont mandatés pour ramener au moins deux des quatre sièges à pourvoir. Mission similaire pour Eustache Muhanzi, ministre de la Décentralisation, et Claudine Ndusi N’kembe, ministre de la Prévoyance sociale, à Kabare, dans le Sud-Kivu. 

Comme la carte ci-dessous le démontre, trois autres circonscriptions - Lukunga, Masi-Manimba et Uvira - connaissent le même scénario. Ce qui porte à sept sur 34 le nombre des circonscriptions où les ministres concourent côte à côte sur des listes différentes.

Quels ministres étaient déjà députés en 2019 ?

Sur les 49 membres du gouvernement candidats aux législatives, 23 ont été élus députés en 2018, avant de céder leurs sièges à leurs suppléants, conformément à l’article 97 de la Constitution. Celui-ci dispose que « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat électif, de tout emploi public, civil ou militaire et de toute activité professionnelle (...) ».

Parmi les 23, deux seulement ont changé de circonscriptions électorales : Aimé Sakombi Molendo, ministre des Affaires foncières, quitte Lukunga, district du nord-ouest de Kinshasa, pour aller se représenter à Lisala, chef-lieu de la province de la Mongala ;  Butondo Muhindo Nzangi, ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire, lui, postule cette fois-ci à Goma alors qu’il était élu député national à Butembo en 2018.

 

Combien de ministres élus députés ?

Dans la nuit du 13 au 14 janvier, la Ceni a publié les résultats provisoires des législatives. Sur les 49 ministres candidats, 32 ont été proclamés élus. On y compte 21 ministres et 11 vice-ministres. 

Par ailleurs, les suffrages obtenus par trois ministres ont été annulés  par la commission électorale notamment pour « fraude et actes de vandalisme, corruption, incitation à la violence, détention illégale des dispositifs électroniques de vote (DEV) ». Sont concernés Nana manwanina Kihimba, ministre près le président de la République, Antoinette Kipulu Kabenga ministre de la Formation professionnelle, et Didier Mazenga Makanzu, ministre du Tourisme.

 

Par Chimène Popoli, fellow à Ebuteli.

Photo : plusieurs ministres autour du Premier ministre Sama Lukonde au lancement d'un regroupement politique. Copyright : DR