Politique

Gouvernement Sama Lukonde: la part belle aux députés nationaux ?

13/04/2021

Le premier gouvernement issu de l’Union sacrée de la nation a été rendu public, le lundi 12 avril, à Kinshasa. Zoom sur sa composition du point de vue de l’Assemblée nationale.

Près d’un ministre sur deux est député national. Le président Félix Tshisekedi, à travers son Premier ministre Sama Lukonde, semble avoir fait la part belle aux élus dans la composition de la nouvelle équipe gouvernementale comprenant 56 membres : outre les cinq ministres, issus de l’Assemblée nationale, reconduits, 20 autres députés, siégeant actuellement à la chambre basse du Parlement, font leur entrée au gouvernement.

Dernier verrou de l’ex-président Joseph Kabila dans la guerre d’influence qui l'oppose à son successeur, l’Assemblée nationale a basculé fin décembre 2020 en faveur de ce dernier. Le bureau pro-Kabila a été destitué, ouvrant la voie à la déchéance, quelques semaines plus tard, du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba et de son gouvernement. “C’est nous, les députés, qui avons fait la révolution, en acceptant de tourner le dos à Joseph Kabila pour rejoindre l’Union sacrée de la nation, nouvelle coalition au pouvoir voulue par le président Félix Tshisekedi”, rappelle un élu aujourd’hui nommé ministre.

C’est surtout les dissidents du Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila qui ont longtemps tenté de faire peser cet argumentaire dans les âpres et longues tractations en vue de la formation du gouvernement. À l’arrivée, cela n’a pas suffi puisque la plupart des ministères régaliens que le FCC contrôlait autrefois reviennent désormais au chef de l’État ou à ses nouveaux ralliés, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi.

“Le fait que les députés venus du FCC ne formaient plus un bloc a beaucoup fragilisé cette composante lors du partage des responsabilités”, confie un député national nommé, lundi 12 avril, ministre. Élément révélateur de cette désunion des ex-élus kabilistes, c’est Jean-Marc Kabund-A-Kabund, président intérimaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti présidentiel), qui se présentait comme le garant des intérêts de ces derniers. “C’était à la demande du chef de l’État lui-même, nuance notre député. Parce qu’il est vrai aussi que Jean-Marc Kabund connaît bien les députés qui se sont très engagés dans l’Union sacrée de la nation et qui ont joué un grand rôle.”

À l’inverse, ils sont aussi nombreux les ministres FCC, élus députés lors des législatives de 2018, à voir leur expérience au sein de l’exécutif ne pas être renouvelée. C’est le cas, entre autres, des ministres Innocent Bokele, Aimé Ngoy Mukena, Willy Bakonga, Claude Nyamugabo, Elysée Munembwe, Jonathan Bialosuka, Thomas Luhaka et Stève Mbikayi. Mandat incompatible à leur statut de député ayant pris fin, ils pourront sans doute bientôt réintégrer l’Assemblée nationale.

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