Discours

Session de septembre 2025 : cinq signaux à retenir du discours d’ouverture de Vital Kamerhe

16/09/2025

C’est sans doute le discours le plus attendu depuis son retour au perchoir. Visé par une pétition, Vital Kamerhe a ouvert, ce lundi 15 septembre, la session budgétaire à l’Assemblée nationale. Non sans tenter de balayer sous le tapis les remous internes qui agitent la chambre basse du Parlement congolais. Mais pas que.

1. Solidarité avec les élus de l’Est

Vital Kamerhe a reconnu la douleur des députés empêchés de se rendre dans leurs circonscriptions, aujourd’hui sous occupation du Mouvement du 23 mars (M23) et des troupes rwandaises. Il a rappelé sa propre situation à Bukavu, se présentant comme témoin direct de cette réalité.

« Étant moi-même directement concerné, je partage leur douleur et celle de leurs électeurs avec lesquels ils n’ont pas pu communier pleinement durant la période de vacances parlementaires.»

2. Une allusion à la formation des Wazalendo

Entre les lignes, le président de l’Assemblée nationale a évoqué la nécessité d’une dotation spéciale pour appuyer et encadrer les « patriotes résistants », ces civils combattant aux côtés des FARDC. Une proposition lourde de sens, qui officialiserait davantage leur place dans le dispositif sécuritaire.

« N’y a-t-il pas lieu aussi d’envisager une dotation spéciale d’appui aux patriotes résistants pour faciliter leur formation et favoriser leur alignement sur le standard de notre armée ? »

3. Des priorités budgétaires sécuritaires et sociales

Le projet de loi de finances 2026 a été placé sous le signe de la défense, de la sécurité et de la lutte contre le coulage des recettes. Kamerhe a insisté sur l’équilibre entre investissements structurants et dépenses sociales (agriculture, énergie, éducation, santé).

« Nous veillerons aussi à la qualité de la dépense publique en privilégiant aussi bien les investissements structurants que les dépenses sociales essentielles.»

4. Les pétitions reléguées au rang de « soubresauts »

Kamerhe n’a pas éludé la fronde dont il est la cible. Mais il a choisi de qualifier ces initiatives de simples « soubresauts », produits de « malentendus alimentés par une communication insuffisante et peu fluide ». Sans nier leur légitimité démocratique, il a appelé à les reconsidérer à la lumière des avancées obtenues et du contexte sécuritaire. Allusion notamment à la prise en compte de certaines revendications sur les émoluments dans le projet de budget 2026.

« Il s’agit d’un exercice parlementaire légitime qui témoigne de la vitalité de notre démocratie et qui ne devrait pas s’encombrer de vaines polémiques chronophages.»

5. Le « pacificateur » demande pardon

Dans un passage très personnel, Kamerhe a revendiqué son surnom de « pacificateur ». Il a affirmé sa fidélité à la patrie et son engagement aux côtés du président Félix Tshisekedi, allant jusqu’à présenter ses excuses aux collègues qu’il aurait pu heurter.

« Ne suis-je pas celui que vous appelez affectueusement le pacificateur ? Aujourd’hui encore, je serai pacificateur jusqu’au bout.»

Encore faut-il que ses détracteurs l’entendent de cette oreille.

Trésor Kibangula

Photo : plénière sur l'adoption du projet de loi portant habilitation du ouvernement congolais à l'Assemblée nationale, le 14 juin 2025, @AssembleeNatRDC/Twitter