En chiffres

Sécurité en RDC : en une année, cinq promesses tenues sur 24 annoncées

11/05/2022

Au moment où le Nord-Kivu et l’Ituri vivent sous l’état de siège depuis un an et après l’évaluation des engagements en matière de gouvernance électorale, Talatala revient, dans ce volet 2 de la série Landila, sur les promesses de l’actuel gouvernement relatives à la sécurisation du pays et à la pacification de la partie est de la RDC. 

« La pacification de l’est du pays, en particulier à Beni, à Butembo, en Ituri et dans le Nord-Katanga, est une urgence nationale. » Jean-Michel Sama Lukonde l’a affirmé, le 26 avril 2021, aux députés nationaux. Ce jour-là, le Premier ministre a tenu une promesse ferme :  son gouvernement va « mobiliser tous les moyens requis pour éradiquer tous les groupes armés et mettre fin à [la] crise sécuritaire » qui sévit depuis plusieurs années dans la partie orientale du pays.

Depuis son avènement au pouvoir, Félix Tshisekedi lui-même n’a cessé de rappeler sa détermination à ramener la paix dans l’est du pays. Début mai 2021, le chef de l’État a décidé d’instaurer l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri. Une année plus tard, où en est l’exécutif dans l’application des engagements pris dans ce secteur de sécurité ?

Le baromètre Talatala, projet de recherche du Groupe d’étude sur le Congo et d’Ebuteli, a identifié et documenté 24 promesses du président de la République et de son gouvernement dans le domaine sécuritaire. Objet de ce deuxième volet de notre série Landila (suivre, en kikongo), ces engagements découlent à la fois du programme d’actions du gouvernement 2021-2023, de différents discours et messages à la nation du chef de l’État ainsi que des documents émanant de structures rattachées au président de la République, à l’instar du Mécanisme national de suivi de l’accord cadre d’Addis-Abeba et du Programme de démobilisation, désarmement réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRC-S).

→ Lire le premier volet de la série Landila - Élections de 2023 en RDC : le gouvernement tient-iles 10 promesses ? 

Alors, qu’est-ce qui a été promis ? Et, surtout, qu’est-ce qui a été réalisé à ce stade ? Un an après l’adoption du programme du gouvernement à l’Assemblée nationale et l’instauration de l’état de siège dans une partie du territoire de la RDC, cinq engagements sur les 24 prévus ont été tenus, deux sont partiellement tenus, cinq en cours de réalisation, dix pas encore tenus et deux engagements paraissent difficilement évaluable. 

Soulignons toutefois que cette évaluation n’est pas mathématique. D’autant que les engagements ne se valent pas : il y en a des plus importants - à l’instar de celui d’éradiquer les groupes armés - que d’autres. Et chaque engagement est documenté, sourcé et suivi de manière séparée sur Talatala.

→ Pour mieux comprendre le suivi de l’exécutif sur Talatala

Cinq engagements tenus

1) Proclamer l’état d’urgence sécuritaire dans les zones en proie à l’instabilité et aux conflits

2) Mettre en place les structures et déployer les magistrats militaires dans les zones en proie à l'instabilité et aux conflits

3) Prévoir des lignes de crédits pour assurer la réparation des victimes d’atrocités

4) Fusionner les programmes DDR et Starec

5) Créer une école de guerre

Deux engagements partiellement tenus

1) Mettre en place les structures et déployer le personnel militaire et policier conséquent dans les zones en proie à l'instabilité et aux conflits

2) Évaluer constamment le niveau d’exécution du Pacte international sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs

Cinq engagements en cours

1) Réorganiser et renforcer les mécanismes de gestion et de sécurisation des frontières

2) Améliorer progressivement la solde allouée aux militaires et policiers

3) Proscrire l’incorporation des rebelles au sein de l’armée régulière et de la police

4) Rajeunir l'armée

5) Réhabiliter, construire ou délocaliser les quartiers généraux, les camps, les casernes, les dispensaires et les formations médicales pour les militaires et les policiers

Dix engagements pas encore tenus

1) Créer dans l’armée des unités d’élite

2) Mettre à jour du plan de réforme des forces armées et de la police nationale et adaptation des lois de programmation militaire et policière

3) Éradiquer les groupes armés oeuvrant dans le pays

4) Décréter un effort de guerre sur l’ensemble du territoire national

5) Créer une commission vérité et réconciliation

6) Faire adopter une loi organisant les structures, définissant la compétence, déterminant les modes de fonctionnement et fixant les types de sanction de la justice transitionnelle

7) Installer des comités locaux de paix et des comités locaux de sécurité de proximité dans l'est du pays

8) Créer des barzas communautaires et intercommunautaires dans des zones à conflit

9) Assurer la formation professionnelle des jeunes démobilisés

10) Humaniser les services de renseignements et les rendre capables d’anticiper et de prévenir tout événement

Deux engagements difficilement évaluables

1) Relever et reconditionner les unités ayant trop duré aux fronts opérationnels

2) Clarifier et œuvrer pour la levée de toute forme de sanction contre l’État congolais, notamment l’embargo sur l’achat d’armes

Photo : un soldat congolais, le 5 juin 2014, à Kanyabayonga. © Flickr/Monusco/Sylvain Liechti