Honorable président, honorables membres du bureau.
Honorables députés, chers collègues.
Je commence par joindre ma voix à celles des autres pour reconnaître le mérite et la qualité du travail abattu par la Ceni avec le soutien du gouvernement ici représenté par le vice-Premier ministre en charge de l'Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières.
J'espère que comme hier, madame la ministre des Relations avec le Parlement est là. Je voulais juste rappeler que j'ai été là où se trouve le vice-P-Premier ministre et j'ai également été là où se trouve madame la ministre des Relations avec le Parlement. Donc, je suis un habitué de la maison.
Honorable président, mon intervention porte sur un point précis qui débouche finalement sur une sorte d'interpellation du vice-Premier ministre, ministre de l'Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, ici présent.
Ce point précis concerne les entités qui sont exclues de la répartition des sièges par circonscription électorale et par conséquent du sort réservé aujourd'hui au décret conférant le statut de ville et communes à certaines agglomérations de la République démocratique du Congo.
En effet, le moins existentiel, c'est que dès la lecture du projet de loi sous examen, nous avons rapidement constaté, la charité bien ordonnée commence par soi même, que dans la province de Lomami, le territoire de Kabinda qui est ma circonscription électorale, ayant comme chef-lieu Kamende, ne figure pas sur la liste des circonscriptions électorales concernées par les élections municipales. De l'examen approfondi du texte et des contacts informels que j'ai essayé de prendre avec la Ceni, il s'est révélé que le problème est général. Il se pose pour plusieurs provinces de la République, que ce soit au Bas-Uélé, Lomami, Haut-Lomami, Nord-Kivu, Sankuru, Sud-Kivu, Sud-Ubangi, Tanganyika. Les explications reçues par ci, par là, nous avons retenu que le problème se situerait au niveau de votre ministère, Excellence, monsieur le vice-Premier ministre, vous n'avez pas encore actualisé la cartographie des entités territoriales, administratives et politiques de la République démocratique du Congo.
Dans la recherche des faits explicatifs, j'ai trouvé trois qui méritent d'être épinglés.
Le premier fait, c'est le sort qui serait réservé ou qui est réservé ou qui a été réservé au décret numéro 13/020 ou 13/030 du 13 juin 2003 du Premier ministre Augustin Matata, conférant le statut de ville et de commune à certaines agglomérations de la République démocratique du Congo, mais qui ont été limitées dans leurs effets par un autre décret signé par le même Premier ministre, en 2015, portant sur surséance de l'exécution de certaines dispositions des décrets subdivisés.
Le deuxième fait tient au démembrement des anciennes provinces par découpage du territoire national en 25 provinces, plus la ville de Kinshasa.
Et le troisième, c'est justement le décret de 2018 du Premier ministre Bruno Tshibala, qui porte la levée de surséance de l'exécution des décrets de 2013.
Pour rappel, le 13 janvier 2013, le Premier ministre Matata signe une dizaine de décrets, cotés de 13/020 à 13/030, conférant le statut de ville et de commune à certaines agglomérations de 10 provinces de l'époque. Donc, on n'avait pas encore procédé au démembrement, à l'exception de la ville de Kinshasa. À cette occasion, naissent 77 nouvelles villes, 230 nouvelles communes urbaines et 273 nouvelles communes rurales, soit un total de 584 nouvelles entités et bien-sûr, circonscriptions électorales qui viennent s'ajouter à celles déjà existantes.
Le Bandundu, le grand Bandundu de l'époque, se retrouve avec 89 entités nouvelles, l'Équateur 44, le Kasaï-occidental 50, le Kasaï-oriental 86, le Katanga 51, le Kongo central 32, le Maniema 38, Nord-Kivu 46, Province orientale 118, Sud-Kivu 30 et le total, ça fait 584. Je voulais rappeler que les décrets du Premier ministre Matata, qui ont été contresignés par le ministre de l'Intérieur et Sécurité de l'époque, Richard Muyej, sont venus abroger le décret du premier ministre Adolphe Muzito, portant dans l'ordre chronologique pour certains, le contreseing de Célestin Mbuyu, Antipas Mbusa Nyamwisi, l'un à l'intérieur et l'autre à la décentralisation, et pour d'autres, moi-même qui m'occupais de l'intérieur et en même temps de la décentralisation. Il s'agit de décret 0.967 à 0/970 du 8 décembre 2009 et ainsi de suite, qui concernait toutes les provinces à l'époque.
Je parle bien-sûr du décret de Muzito. Il y avait l'Équateur, le Nord et le Sud-Kivu, qui avaient accusé un retard dans la transmission des dossiers. Après vient alors le décret de surséance du même Premier ministre Matata qui avait pris le décret de conférant le statut de ville et commune.
C'est ainsi que réuni le 22 juillet 2015 sous la présidence du Premier ministre Matata, le Conseil de ministres a approuvé le projet qui sera le décret numéro 15/013 du 22 juillet 2015, portant surséance de l'exécution de certaines dispositions de décret qu'il avait lui-même pris le 13 janvier 2013.
Cette décision aurait été recommandée par une commission mixte Assemblée nationale, notre chambre, gouvernement et Ceni, qui s'étaient penchée du 12 au 18 juillet 2015 sur cette problématique.
Consécutivement à cette décision, il s'en est suivi que dans presque toutes les provinces, le statu quo a été gardé. Les villes et communes urbaines et rurales créées du fait des décrets de 2013 ont toutes été mises en veilleuse. Selon les explications du porte-parole du gouvernement de l'époque, la conséquence, c'est que les 2000 552 électeurs situés dans les 310 agglomérations concernées par la décision de surséance sont relocalisées et rattachées aux anciennes entités dans lesquelles ils avaient été identifiés par la Ceni. Et quand vient le démembrement des provinces en 2015, on assiste à une autre situation, c'est que les anciens chefs-lieux de districts, qui deviennent les chefs-lieux de nouvelles provinces, deviennent automatiquement des villes en même temps des circonscriptions électorales.
Et à cette occasion, certains territoires se voient délocalisés. Ils partent des endroits qui sont érigés en chefs-lieux de provinces vers d'autres agglomérations sans considération des statuts de ces agglomérations. C'est pratiquement la situation dans laquelle se trouve le chef-lieu de ma circonscription électorale.
Et puis, en 2018, la confusion continue. En 2018, le Premier ministre Tshibala prend un autre décret avec le contreseing du vice-Premier ministre Henri Mova et du ministre d'État Azarias Ruberwa, levant la surséance qui frappait justement les différentes entités qui ont été créées ou érigées en villes ou en communes par le Premier ministre Matata. Nous en sommes là. La mesure a été levée juridiquement. Les différentes entités ou agglomérations qui se sont vu conférer le statut des villes et des communes sont censées être opérationnelles. Voilà pourquoi, et j'ai entendu beaucoup d'interventions où on parlait de Kasaji, on a parlé de Fungurume et tout ça. Ce sont ces différentes agglomérations qui se retrouvent dans cette situation.
Mon intervention, excellence monsieur le vice-Premier ministre, honorable président, c'est à vous que je m'adresse, je le sais. Ce sont les recommandations suivantes:
- D'une manière générale, je demande, honorable président, par votre biais, au vice-Premier ministre, d'interagir avec la primature et la Ceni pour débloquer la situation de confusion et même de cacophonie créée et entretenue par la juxtaposition des décrets de 2013, de 2015 et de 2018.
- De publier la cartographie mise à jour des entités politiques, administratives et territoriales de la République démocratique du Congo. D'une manière spécifique, je demande d'accorder priorité à la régularisation de la situation des agglomérations érigées, nouveaux chefs-lieux de territoire, sans revêtir le statut des communes rurales qui est un préalable pour porter le statut de circonscription électorale pour les élections municipales. C'est ici le lieu de rappeler que l'élaboration de la cartographie générale des entités politiques, administratives et territoriales de la RDC, aussi nécessaire et prioritaire soit-elle, est un travail laborieux qui implique notamment du temps et un examen minutieux au cas par cas des entités concernées. C'est pourquoi pour, d'une part, ne pas restreindre les droits politiques des compatriotes de certaines parties de la République et d'autre part, préserver le caractère inclusif des élections, dans le respect du calendrier électoral, le cas des anciens chefs-lieux de district est celui de Lumumba-ville repêchée du lot faisant jurisprudence, je demande au vice-Premier ministre de faire œuvre utile en réglant cette question avant la fin de l'examen du projet de loi portant répartition des sièges par circonscription. Les résultats immédiatement attendus est de prendre en compte ces entités concernées dans le texte des lois en gestation avec le statut de commune rurale et par conséquent comme circonscription électorale pour l'élection des conseillers municipaux.
Il s'agit d'un défi facile à relever sans contrainte de temps pour deux raisons.
Le nombre des entités concernées ne dépasse pas la dizaine et que les statistiques de leurs enrôlés respectifs sont connues de la Ceni. Je termine en invitant l'assemblée plénière à déclarer bien-sûr recevable ce travail qui est très, très important pour permettre au processus électoral de poursuivre son chemin vers les élections prévues en décembre 2023.
Honorable président, je dis et je vous remercie.